Mardi était le jour 3 du Festival Contes en Îles. Ce qu'il y a de plaisant avec le festival, c'est qu'il est possible d'aller y entendre les divers conteurs de la programmation aux quatre coins des Îles et, par la même occasion, découvrir des paysages et faire des rencontres fortuites avec d’autres amateurs de contes. Ainsi, je me suis rendu à l'Auberge Chez Denis à François où nous avons été accueillis pour un 5 à 7 conté. C'est une belle Auberge sympathique et très bien située du côté de la Grave, dont la table a une excellente réputation. Si vous passez dans le coin, je vous recommande l'endroit. Hier, on s'est fait tout petit afin de permettre à tout le monde de pouvoir assister à l'événement. C'est vers 17 h 30, après le mot de bienvenue de Nicolas Landry, Directeur Artistique du 16e festival, que le conteur Franck Sylvestre (Qc-Martinique) a parti le bal dans la grande salle à manger de l'auberge. Celui-ci, qui arrivait d'avoir conté un peu plus tôt en après-midi pour les enfants dans une école des Îles , veut bien nous partager une histoire qui remonte au début des temps. À l'époque où même Dieu n'était qu'un bébé encore aux couches et où le diable (qui n'était guère plus vieux) avait déjà commencé à créer la misère sur le pauvre monde. Le Martiniquais d'origine avait apporté pour l'occasion un tambour rappelant les sons de son pays ainsi qu'un petit instrument ressemblant à un marimba. Avec les sonorités qui s’extirpent de ceux-ci, il crée des images sonores qui marquent le temps et l'espace. Son rythme, pareil à celui d'une pendule, est hypnotique et nous transporte dans des forêts de là-bas pour mieux nous faire voir des petits bouts de l'âme du conteur et des images de son pays d’origine, la Martinique (pas la Martinique des Îles-de-la-Madeleine, mais bien le pays plus au sud). Ensuite, après un bref entracte, c'est au son de la cornemuse qu'est entré en scène Sylvain Vigneau, content de se retrouver à travers les Festivaliers. Cette fois, c'est l'histoire de Marie et son pain fesse qui fait saliver les auditeurs. Une Marie qui vit un drame, le même que Sylvain a aussi connu dans un passé pas si lointain, alors que la mer décide de prendre des vies. Marie, conseillée par Monsieur le Curé, fera des miracles grâce à son chapelet sur la corde à linge. Il y eut aussi la poésie d'un Ti-Jean, conteur un peu désabusé et dépourvu d'idées, qui est courtisé par la lune, prête à lui montrer sa face cachée et lui redonner l'inspiration. Encore une fois, j'ai passé un très bon moment avec ces deux conteurs. Ce que j'aime dans les festivals (et celui-ci n'y fait pas exception), ce sont les rencontres inopinées que crée le fait d'être d'abord assis seul à une table. C'est ainsi qu'au hasard, des inconnus arrivent voulant eux aussi une bonne place pour les contes et se joignent à la tablée. Cela donne l'opportunité de rencontrer d'autres festivaliers et d'échanger avec ceux-ci de façon conviviale. C'est aussi ça, le Festival Contes en Îles : la rencontre de gens d'ailleurs et de ceux de la place, qui se parlent de leurs coups de cœur du festival et de leurs coups de cœur des Îles... Qu'ils soient arrivés par le Bateau CTMA, comme ce couple de Gatineau assis à côté de moi ou par avion de Montréal, comme cet autre couple en face de moi, chacun a son histoire et tous se font un plaisir de raconter leurs découvertes. Le premier couple s'était présenté au spectacle d'ouverture et avait dû rebrousser chemin, faute de billets disponibles. Le second couple, comme moi, n'avait pas réussi à obtenir une place pour la Veillée des veillées. Nous étions donc unanimement heureux d'être là pour assister au 5 à 7. Il fait bon d'être aux Îles et ce Festival est un vent de fraicheur automnale. En terminant, vous qui me lisez, peu importe où vous êtes sur la planète, à la demande de Sylvain Vigneau, je vous invite dès maintenant, à mettre votre chapelet sur la corde à linge (ou dans votre sécheuse selon ce que vous utilisez), afin que le beau temps soit au rendez-vous pour la Nuitée aux Flambeaux de ce vendredi. Par ce geste vous démontrerez votre solidarité à déjouer la météo qui, souvent, est de connivence avec le diable lors de ces grandes occasions.
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Lundi, c'était la Veillée des veillées au Festival Contes en Îles et encore une fois, pour une deuxième soirée, le spectacle était à guichet fermé. Deux en deux pour le Festival, je félicite les organisateurs.
Cette soirée réservée aux conteurs des Îles est très prisée des Madelinots. Je me souvenais d'avoir assisté à celle de 2015 dans une atmosphère intime crée pour l'occasion, où un groupe de conteurs rassemblés nous faisaient revivre une veillée en famille dans une cuisine comme au bon vieux et les gens de l'auditoire étaient sur le bout de leur chaise attentifs aux palâbres que les conteux voulaient bien leur faire entendre. J'avais tellement apprécié que cela me faisait un petit pincement au cœur de ne pouvoir assister à cette nouvelle édition 2017. Sous une formule un peu différente, le Festival a su présenter encore une fois cinq excellents conteurs des Îles : Michel Boudreau, Élaine Richard, David Vigneault et Cédric Landry ainsi qu’un jeune de la relève en ouverture. N'ayant pas réussi à obtenir mon billet pour l'événement, j'ai malheureusement manqué une bonne partie du spectacle. Mais, comme la vie est bien faite et que je passais par-là, j'ai eu quand même la grâce d'arriver près de la porte de la salle de spectacle au moment où la conteuse Élaine Richard, la seule conteuse de la soirée que je n'avais jamais entendue, se préparait à entrer en scène et m'a invité à la suivre dans la salle pour l'entendre. Wow! J'ai ainsi pu découvrir cette conteuse des Îles, dont plusieurs personnes (même mon frère à Québec) m’avaient tant parlé. Élaine qui dans un langage coloré, nous amène dans son univers, celui de ses Îles et de la mer. Cette mer si généreuse, mais qui parfois prend des fils par naufrages et cause le désespoir. Et, à mesure qu'avance l'histoire, notre conteuse Élaine brille sur la scène tel un phare qui nous guide vers l'espoir et à bon port. Un moment magnifique. Hier c'était l'Ouverture du Festival International Contes en Îles.
Quel beau festival aux dimensions humaines en cette époque où tout se veut Méga. Les Madelinots ont de quoi être fiers. D'abord, je dois souligner la qualité de ce Festival qui a maintenant 16 ans (sweet sixteen). Il a atteint une belle maturité et l'organisation, qui est bien rodée, voit à ce que tout se déroule à l'heure, comme prévu et dans les meilleures conditions pour le plus grand confort des spectateurs et des conteurs. D'abord, à ma plus grande surprise, lors de mon arrivée, j'apprends que tous les billets sont vendus pour cette soirée d'ouverture et pour plusieurs des spectacles à venir. Je suis témoin de la déception des premières victimes du franc succès du Festival qui doivent rebrousser chemin, la salle étant à sa pleine capacité. Je vous recommande donc, si vous décidez un jour de venir vivre cette expérience dans le futur, de communiquer avec l'organisation pour obtenir votre passe d'entrée du Festival, qui donne droit d'accès à tous les spectacles. Je vous résume la grande soirée d'ouverture Hydro-Québec d'hier. Après un bref mot de bienvenue du Directeur Artistique du Festival, monsieur Nicolas Landry, nous avons fait un mini tour du monde conté, et ce à un prix dérisoire. Le tour du monde pour le prix d'un billet d'entrée. Ce n’est pas cher pour voir ces conteurs fraîchement débarqués du bateau, ces migrants provisoires. Un à un, venus se raconter, ils investissent la scène de l'Étoile, au Parc du Gros-Cap pour notre plus grand bonheur. L'animation de la soirée a été confiée à Cédric Landry, un gars des Îles, revenu de la grande terre pour l'occasion et qui a merveilleusement concilié les différents univers qu'il avait à nous présenter pour qu'ils deviennent un tout, une seule et même masse. Grâce à sa grande sensibilité, sa générosité et une humilité rafraichissante, il a réussi son tour de force. Ainsi, Frank Sylvestre (Qc- Martinique), nous raconte la connivence entre Dieu et un chien-loup ainsi que sa rencontre étonnante avec le cinéaste Pierre Falardeau, qui donnera un sens fortifié aux mots ''Je me souviens'', de son Slam moderne sur fond musical. Puis, toute délicate, arrive Mafane (Qc- Île de la Réunion) venu nous parler de la magie de la vie et des 9 mois nécessaires pour obtenir le fruit de la vanille. Un conte poétique, à la fois écologique et conscient de l'homme et de l'hommerie. Arrive ensuite Catherine Gaillard de la Suisse, qui nous raconte une rencontre du troisième type captivante. Dans les jardins de la Maison-Blanche, la première dame du pays le plus puissant du monde établi contact avec une autre civilisation et nous sauve de la destruction massive pendant que son époux et président s'intéresse à la qualité du matériau utilisé pour la confection des rideaux du grand salon ovale afin de pouvoir en tweeté l'information à ses citoyens. Pour terminer la première partie, Joujou Turenne (Qc- Haïti) nous enveloppe de chants voodoo incantatoires qui nous bercent, avant d'arriver sur la scène telle une perle. Joujou tout de bleu vêtu, est à l'image d'une belle Africaine. Elle nous touche par son vague à l'âme et son brin de nostalgie. Celle qui sait la signification du mot exil, de tout laisser derrière, de partir avec seulement l'essentiel, nous offre une expérience émotionnelle hors du commun: rire, pleurs, chants, danse... Elle nous invite dans son conte où son personnage, 'ayant plus qu'une seule dent, tombe en amour à l'âge de 128 ans, puis part pour l'autre monde... Au retour, Cédric, nous raconte avoir quitté les Îles, il y a de cela 22 ans déjà . Il avait alors 20 ans. Il nous parle de son déchirement de son appartenance, d'avoir été majoritairement absent du pays de son enfance et sa jeunesse. Il nous touche aussi par le récit très humain de l'accompagnement de son père atteint d'un cancer en phase terminale et de son observation de la vie à travers l'activité du Tim Horton. Après quoi, le Directeur Artistique Nicolas Landry monte sur scène pour nous annoncer que malgré que Jean-Jacques Fdida de France soit actuellement encore dans l'avion qui le transporte vers les Îles, celui-ci a pris le temps de nous faire parvenir un court enregistrement. C'est à propos d'un escargot qui malgré les nombreuses années que lui a pris la traversée d'un pont qui s'est immédiatement écroulé juste après son passage, le limaçon insiste pour signifier que s'il est encore vivant aujourd'hui c'est grâce ses réflexes qui l'ont sauvé du pire. Finalement, Michel Hindenoch de France ferme ce tour du monde. Maître du temps et de l'espace il nous apparait comme s'il était venu d'un pays lointain, dans un temps lointain avec des instruments rares. Sa cithare hongroise et sa flute de Pan nous transportent dans des visions et des images enchantées, tel un barde du moyen-âge. Avec sa voix et ses mots, il nous invite dans sa machine à voyager dans le temps pour une aventure avec un coefficient temps de trois cents ans qui nous paraîtront à peine 15 minutes. Cette soirée d'ouverture a été magique. C’est un franc succès sur toute la ligne. Encore bravo aux organisateurs et aux bénévoles. Vous faites un travail titanesque. Le Festival est très bien parti. Je souhaite à tous ceux qui y participent un bon Festival et aux autres, je vous souhaite de vivre ça au moins une fois. Cette proximité et cette intimité avec les artistes risquent de vous prendre au jeu. Vous voudrez devenir membre du Festival et revenir les autres années. |
AuteurPour l'édition 2017, Michel La Roche décrit avec sensibilité artistique les activités de la semaine. ArchivesCatégories |